Quand de jeunes Iraniennes, opprimées par les obligations de la loi coranique, lisent clandestinement Flaubert, Fitzgerald ou Nabokov : un passionnant document d’Azar Nafisi
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Au centre de ce livre, il y a un salon, où les couleurs explosent : le jaune des narcisses sur la table, le bleu nuit des vestes, l’orange des tee-shirts, l’or des boucles d’oreilles, le carmin des lèvres, le miel du thé fumant dans les verres. Au-delà de la vitre, le bleu du ciel et, au loin, la neige des sommets. Si on se penchait par la fenêtre pourtant, on verrait les rues s’endeuiller. Comme l’entrée de cet appartement, où les jeunes femmes ont abandonné pour un moment les voiles noirs qui couvraient leurs cheveux, les housses opaques où elles enfouissaient leurs jeans, les gants sous lesquels se dissimulait l’incarnat des ongles.
« Lire Lolita à Téhéran », par Azar Nafisi, traduit de l’anglais par Marie-Hélène Dumas, Plon, 388 p., 21 euros.